Lors d’une consultation en naturopathie, je vous écoute, vous observe, vous ressens et l’autre partie de mon cerveau, la gauche paraît-il, analyse, cherche, recoupe pour trouver où est le déséquilibre et quelle en est la cause, et quelle est la cause de cette cause, et la cause de la cause… En remontant ainsi cette sorte de pyramide, le panel de causes se réduit. Le plus souvent, on en revient à un microbiote déséquilibré, un système nerveux désadapté, un stress lattant, un déséquilibre humoral et encore d’autres facteurs qui mettent l’homéostasie de notre organisme en difficulté car ce dernier aime par-dessus tout l’équilibre. Parfait funambule, lorsque l’équilibre n’est plus, ce sont les ennuis qui commencent. Notre bouche en est le témoin le plus visible, si tant est que nous lui accordions de l’attention. Des caries à répétition, une haleine de phoque, des aphtes qui s’invitent ou les dents qui grincent dans notre sommeil sont des signaux d’un déséquilibre qu’il ne faut pas laisser trainer. La première chose à faire, bien sûr, est de faire soigner dents et aphtes, mais il y a également un travail de fond à faire, il faut agir sur le terrain pour rétablir l’équilibre, non seulement de votre bouche, mais de votre organisme en général.
L’haleine
L’haleine, par exemple, n’est pas sensée être malodorante. Si vous ne fumez pas, n’avez pas encore pris votre tartine grattée à l’ail ou à l’oignon, si vous n’êtes pas en train de jeûner ou suivre un régime particulier, il n’y a normalement aucune raison que votre entourage s’évanouisse lorsque vous leur parlez de trop près. D’autant plus si vous venez de vous brosser les dents. Et pourtant, il arrive que vous sentiez vous-même que votre haleine est chargée. Il peut y avoir plusieurs raisons :
- Votre alimentation déjà : certains aliments, comme nous venons de le voir avec l’ail et l’oignon, laissent des molécules plus persistantes dans la bouche. Mais ce ne sont pas les seuls coupables. A commencer par les sucreries, notamment avec du chocolat au lait (les fameux chocolats au lait de Noël ou de Pâques !). La présence de sucre dans votre bouche déséquilibre le microbiote buccal au profit de bactéries opportunistes (et oui, les bactéries ne sont pas que dans votre intestin, loin s’en faut). Ces bactéries prolifèrent ainsi dans votre bouche et forment un film sur votre langue, vos gencives et vos dents, tout en rejetant des composés sulfurés volatils (les gaz sulfurés ont une odeur proche de l’œuf dur). En ce qui concerne les chocolats, le noir, à partir de 70%, contient moins de sucre et permet toutefois de se faire plaisir pour les fêtes ou quand l’envie se fait sentir. Par ailleurs, certaines personnes digèrent mal le lait et mettent ainsi à l’épreuve leur système digestif, à commencer par le foie qui va se manifester par une haleine fétide, ainsi que des maux de ventre, des ballonnements, des gaz, parfois même des diarrhées. De même, votre foie s’adapte lorsque vous changez de régime alimentaire. Si par exemple le rapport glucides-protéines est déséquilibré au profit des protéines, votre métabolisme va changer. Si votre foie n’a plus suffisamment de glucose (fourni par les glucides sous forme de féculents) ni fruits et autres produits sucrés, pour produire de l’énergie, il va produire son propre glucose à partir de vos réserves de graisse (voir mon article), c’est la cétose. C’est ce qui est précisément recherché dans les régimes cétogènes ou graisses et protéines sont au centre de l’alimentation. L’inconvénient pour l’haleine, est que le corps rejette ces cétones qui donnent une haleine d’acétone (ou de fruit pourri). Par ailleurs, l’excès de protéines pousse votre corps à produire beaucoup d’ammoniac pour dégrader leurs grossesses molécules, et l’odeur d’ammoniac se trouve aussi dans votre haleine.
- Des changements hormonaux : Il peut arriver qu’avant et pendant les règles, les femmes sentent leur haleine un peu plus chargée. Cela s’explique de plusieurs façons. Parmi toutes les fonctions des œstrogènes, ces dernières participent à réguler le taux de salivation (les personnes sous hormonothérapie souffrent souvent d’un manque de salivation). Au moment des règles, le taux d’œstrogènes baisse et ainsi la femme produit moins de salive. Or, un des rôles de salivation, outre celui de participer à la digestion des glucides avec l’amylase, est de nettoyer la bouche et contenir la prolifération des bactéries buccales. Ainsi, avant et pendant les règles, la bouche des femmes devient un peu plus sèche et pâteuse, laissant le champ libre, surtout durant le sommeil, aux bactéries pour se multiplier. Par ailleurs, durant cette période, le foie doit également gérer les recyclage des œstrogènes et peut aussi se sentir un peu dépassé, pour peu qu’il ait par ailleurs d’autres toxiques et toxines à gérer en excès.
- Le stress : toujours à la source de nos problèmes, aussi variés soient-ils (voir mon article). Le stress est souvent présent, de manière plus ou moins intense, mais il est là. Or, une personne stressée à tendance à oublier de respirer convenablement en restant souvent en apnée. Or il est existe deux sortes de bactéries, celles à Gram positif aérobies et celles à Gram négatif dites anaérobies. Ces dernières se développent en l’absence d’oxygène, normalement dans notre organisme, et sont particulièrement odorantes. Et cela d’autant plus si la personne ne boit pas suffisamment et que donc la bouche s’assèche, devient pâteuse. A cela s’ajoute le foie qui doit traiter un surplus de radicaux libres, toujours provoqués par le stress, et qui va faire sentir son mécontentement.
Parodontie, aphtes et bruxisme
D’autres maladies buccales suivent ce même schéma : c'est-à-dire un déséquilibre qui peut être très éloigné de la bouche, comme une dysbiose intestinale ou des troubles du sommeil, mais qui se répercutent sur l’état de votre bouche.
- La parodontie (voir mon article) est par exemple une maladie due à l’accumulation de bactéries qui, avec des résidus calciques, a formé une plaque dentaire devenue solide sous forme de tartre. Ce tartre attaque progressivement la base des dents, mais surtout les gencives puis l’os même de la mâchoire. En général on ne s’en rend compte que lorsque des dents, souvent saines au demeurant, se mettent à bouger puis tomber. Ainsi la bouche demande des soins réguliers : se brosser les dents régulièrement et efficacement, une ou deux visites par an chez le dentiste, ne pas laisser trainer « une petite carie » ou « une petite douleur ». Mais aussi, surveiller son régime alimentaire, boire régulièrement, s’oxygéner et gérer son stress font partie des gestes pour entretenir votre santé bucco-dentaire.
-Les aphtes sont également dus à un déséquilibre dans la bouche, mais cette fois un c’est l’équilibre acido-basique qui est perturbé. La salive, pour pouvoir remplir ses fonctions (digestives et s’assainissement de la bouche) doit maintenir une certaine alcalinité. Or, souvent les aphtes apparaissent après avoir ingéré des aliments trop acides comme la peau des tomates, le gruyère, les fraises, pamplemousses ou raisin secs, les noix, certains épices ou encore le thé, le café et le miel. Ils favorisent également le développement de mycoses car la salive perd de son efficacité. Apparaissent alors des brûlures et des douleurs lors de la déglutition, parfois une hypersalivation avec une haleine peu agréable et ce petit cratère à fond blanc qui peut-être si douloureux qu’il est presque impossible de manger, d’autant plus si plusieurs aphtes apparaissent quasi en même temps. Ils se développent au niveau de la langue, sur les gencives, à l’intérieur des lèvres ou des joues et peuvent perdurer entre 6 à 10 jours si rien n’est fait. Il s’agit alors de revenir à un équilibre acido-basique (voir mon article) si cher aux naturopathes en évitant les aliments acidifiants et préférant les légumes verts ou autres aliments riches en minéraux.
- Le bruxisme, pour sa part, est plus complexe. Il est la résultante d’un cercle vicieux dont il est difficile de déterminer qui en est l’initiateur, un peu comme la poule et l’œuf. Ici il s’agit d’un terrain acidifié versus le stress. Le stress épuise nos réserves en minéraux et donc acidifie l’organisme et un terrain acidifié irrite le système nerveux et donc favorise le stress. Le problème, avec le bruxisme, est que l’on ne s’en rend pas forcement compte car il a surtout lieu la nuit, dans notre sommeil. On peut remarquer sur une personne stressée « qu’elle sert les dents », qu’une situation « la fait grincer des dents », mais il est difficile d’intervenir dans son sommeil, quand elle n’est pas consciente. Le bruxisme peut alors se manifester par une mâchoire très serrée ou par les dents qui grincent en se frottant l’une sur l’autre. Mise à part le fait que c’est particulièrement désagréable pour la personne qui dort à côté, les conséquences du bruxisme sont très vite visibles et particulièrement ennuyeuses : usure accélérée et anormale des dents, arthrose de la mâchoire, douleurs au niveau des cervicales et même du reste du dos, maux de tête, et bien-sûr des douleurs à la mâchoire. Il va donc falloir agir là sur le stress, à commencer par calmer l’hyperactif toujours pressé, apaiser son impatience et son agitation, soulager son anxiété, l’aider à prendre conscience de sa relation aux différents stimuli de la vie, à ce qui peut le stresser et l’aider à gérer ce stress. Et cela, bien sûr, en apportant tous les micronutriments nécessaires pour permettre au système nerveux de fonctionner correctement. Il sera aussi indispensable d’aller consulter un ostéopathe ou stomatologue pour vérifier la présence et/ou intervenir sur un déséquilibre de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM). L’homéopathie, la kinésiologie, l’hypnothérapie et l’acupuncture ont également prouvé leur efficacité, notamment sur les enfants. Le bruxisme n’est pas est fatalité, même s’il nous le pratiquons de manière inconsciente, chacun trouvera sa ou ses solutions.
Je peux vous aider
Pour ma part, à la lecture de ce que je viens de vous écrire, les leviers d’actions pour vous aider à garder une bouche saine sont multiples. Revenir à une alimentation saine, équilibrée et équilibrante pour tous vos écosystèmes, qu’ils soient buccaux, intestinaux, vaginaux ou dermatologiques. Vous aider à définir ce qui peut être une source de stress pour vous (pas forcément vécue comme du surmenage ou une agression) et vous aider à la tenir en respect ou à l’apprivoiser. Revenir à une hygiène de vie plus saine, exempte de produits nocifs et autres perturbateurs que l’on trouve dans une alimentation délétère ou dans la fumée du tabac. Mettre enfin fin à votre éventuelle addiction au tabac. Et, enfin, vous orienter vers d’autres thérapeutes qui pourront vous aider à trouver ou retrouver ou garder une relation saine avec votre bouche.
Guillemette Bourgoing Naturopathe et réflexologue spécialisée dans l’arrêt du tabac à Villelaure, Pertuis et Aix-en-Provence
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